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« C’était voulu? »  – Malaise autour d’une question
Crédit: Omar Lopez via Unsplash

« C’était voulu? » J’ai longtemps eu un malaise face à cette question et je viens à peine de réussir à mettre les mots sur ledit malaise.

Au départ, je trouvais les gens (principalement des amis proches) honnêtes de me poser la question, de me demander si ma grossesse était préméditée, voulue. Mon conjoint et moi étions mariés depuis deux ans déjà et nous voulions fonder une famille, mais plus tard et tout le monde le savait. Dans l’immédiat, j’avais plus en tête de compléter mes interminables études et de me trouver un travail relativement stable. Mon conjoint aussi.

Le temps a filé et mon ventre a grossi. Il était trop tard pour revenir en arrière. Mon conjoint et moi allions inévitablement devenir parents. Et c’est là que le malaise a commencé. Voulue ou pas, ma grossesse arrivait à son terme. Je sentais mon fils bouger. De plus en plus. Je lui parlais. Je lui faisais écouter de la musique. J’étais prête à l’accueillir et à lui faire une place dans ma vie.

Ça a continué après sa naissance. Des gens, de plus en plus éloignés de moi, continuaient de me poser LA question. Je trouvais que ce n’était pas vraiment de leurs affaires. À la limite, je trouvais ça blessant. Je me sentais jugée… comme si j’étais trop jeune et pas assez établie dans la vie pour m’occuper d’un enfant. Je sentais que je devais me justifier. Surtout, je trouvais ça très étrange de dire si mon fils était voulu ou non alors que je l’avais dans les bras.

Et puis je me revois, assise sur le bord de mon lit face à la fenêtre, un matin de juin. J’avais un rendez-vous à la clinique pour un avortement quelques heures plus tard. Je ne voulais pas y aller. Je pleurais, immobile sur mon lit, tournée pour que mon conjoint ne voit pas mon visage. C’est à ce moment que j’ai fait le choix de poursuivre ma grossesse, de garder mon fils, de devenir mère.

Il vient de là mon malaise. Ce que je n’arrivais pas à comprendre, c’est que oui, je l’avais voulu mon fils. L’avortement étant une option, j’avais le choix et j’ai choisi de devenir mère. Mon malaise, c’était d’expliquer que non, mais que oui, alors que c’était oui, sans hésitation, sans explication nécessaire.

Suis-je la seule à avoir un malaise par rapport à cette question? Vous rappelez-vous du moment où vous avez choisi de devenir mère?

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