Je n’ai jamais eu de gâteau d’anniversaire juste pour moi. Le morceau qu’on m’offrait était surtout celui d’une autre. Et les chandelles étaient soufflées par quelqu’un d’autre.
Longtemps, j’ai senti que j’étais juste une moitié. La moitié du couple de jumelles que nous formions ma soeur et moi.
Si on m’offrait un biscuit, je le cassais en deux pour lui en donner. Entre nous, c’était la loi du half and half. Tout devait être réparti en part égale, sinon, je pleurais. Sinon, j’avais l’impression que c’était injuste.
Rien ne m’appartenait. Mes vêtements étaient ceux de mes soeurs. Mes jouets me servaient à leur inventer des histoires. Tout chez nous était une question de multiplicité.
Récemment, quand j’ai pris la décision de n’avoir qu’un seul bébé, je me suis mise à hésiter. Faire un enfant unique n’est pas pour moi une décision egocentrique. C’est une question de survie. Une survie que les autres ne comprendront pas, je pense.
Jusqu’ici, j’ai gardé ma décision secrète. J’avais peur d’être jugée. Parce que déjà on me questionne sur l’arrivée du petit frère ou de la petite soeur. Comme si ça allait de soi.
Répondre que NON, IL N’Y AURA PAS de deuxième bébé. Je serai tout de suite jugée dans le clan des parents égocentriques. Ceux qui n’aiment pas vraiment s’occuper de leur kids (ben oui, ça existe). Ceux qui préfèrent la carrière (et qui abandonnent leur bébé à la garderie). Ceux qui ont attendu trop tard pour en faire (des égocentriques, encore et encore). Not !
La réalité
Il nous a fallu neuf ans pour nous fabriquer un bébé. Donc en faire un deuxième, sans le soutien du gouvernement (merci M. Couillard) et avec toute la torture médicale que cela exige, c’est juste impossible.
Même qu’il est trop tard. Depuis neuf mois, nous ne dormons plus. Nous sommes cernés-malades-depress. Un deuxième babe tiendrait du suicide.
Est-ce que ce choix nous attriste? Pas vraiment. Pour me rassurer, je suis allée zieuter dans le livre One and Only : The Freedom of Having an Only Child, and the Joy of Being One, de l’auteure Lauren Sandler.
L’Américaine vante les mérites de l’enfant unique. Elle s’appuie sur plus de 500 études. D’après ce livre, les enfants privés de fratrie ont plus de motivation à réussir. Ils auraient une meilleure confiance en eux et seraient même plus intelligents! (Ha!)
Et parce que ces parents ont plus de temps (et d’énergie et de ressources financières), ils auraient tendance à offrir davantage à cet enfant unique. Même qu’ils s’en sortiraient mieux du côté de la vie amoureuse. Ces parents-là seraient plus heureux!
En déposant ce livre, j’ai eu le goût de croire dur comme fer que ma décision d’avoir un seul bébé était la bonne.
Pensez-vous que l’image des parents d’enfant unique devrait être revalorisée ?