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Lettre aux mères d’enfants méchants
Crédit: Pixabay
Aux mères d’enfants qui ont fait de vraies grosses conneries,

À vous chères mères dont les fils foncent sur les gens en voiture ou tirent à bout portant sur des pères de famille en service. Puis à celles aussi qui comptent parmi leur progéniture un ou deux violeurs, tireurs fous, dépeceurs et autres gros méchants qui assassinent les journalistes et les caricaturistes en fonction.
 

À ces mères qui, traquées par les médias, se font questionner sur le pourquoi du comment de leurs rejetons-échecs.  Actualité oblige, de l’autre côté de l’écran, les fesses sur mon divan, j’ai beaucoup pensé à vous ces derniers temps.
Crédit : pixabay
 
Bien entendu, j’imagine, dans le lot, quelques-unes de ces mères incapables de lire ce billet. Soit parce qu’elles ne sont plus là ou parce qu’elles ne l’ont jamais tout à fait été. Mais j’imagine surtout toutes celles qui sont juste mères, tout ce qu’il y a de plus ordinaires. Ordinaires, comme toutes les autres mères (ou presque).

Chères mamans qui n’ont donc assurément pas besoin du troupeau médiatique qui fait le pied de grue sur votre balcon, en regardant mes enfants jouer, je prie silencieusement pour ne jamais être vous.

En fait, j’espère que je ne serai jamais vous, mais je ne sais pas. Car j’imagine que vous ne saviez pas hein, quand vous tergiversiez entre deux pages du livre des prénoms? J’imagine que vous ne saviez pas quand les larmes de bonheur roulaient sur vos joues en admirant ses mini doigts s’agripper aux vôtres? J’imagine que vous ne saviez pas quand vous crémiez la peau délicate de ses fesses irritées? Quand vous corrigiez la prononciation de ses premiers mots? Quand vous répétiez, tel un mantra, « qu’est-ce qu’on dit? » pour qu’il enregistre enfin cette formule de politesse de base qu’est de dire merci?

 
Crédit : V Légaré
Pour toutes les autres mères ordinaires, dont j’espère être, ce serait rassurant de penser que vous n’avez jamais rien fait de tel pour votre enfant. Ce serait vachement apaisant de croire qu’il restait dans sa merde du matin au soir, votre bambin. Qu’il se faisait garder par la télé et qu’il ne se soit jamais fait dire je t’aime au creux de l’oreille en s’endormant. Ça voudrait dire que ça ne nous arrivera pas à nous, les autres mères ordinaires.
 
Mais je sais que ce n’est pas vrai. Pas dans tous les cas, non.

À vous chères mères tristement extraordinaires, je peine à vous imaginer réviser chaque recoin de votre parentalité pour tenter de trouver la faille, la chose que vous auriez pu, que vous auriez dû, qu’il aurait fallu… Car en étant mère, même ordinaire, je me pose déjà ces questions.

Je ne peux partager votre drame ou vos souffrances. Je peux seulement et simplement vous dire que je pense à vous. Vous avez probablement fait, comme nous toutes, votre gros possible.

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