À vous chères mères dont les fils foncent sur les gens en voiture ou tirent à bout portant sur des pères de famille en service. Puis à celles aussi qui comptent parmi leur progéniture un ou deux violeurs, tireurs fous, dépeceurs et autres gros méchants qui assassinent les journalistes et les caricaturistes en fonction.
Chères mamans qui n’ont donc assurément pas besoin du troupeau médiatique qui fait le pied de grue sur votre balcon, en regardant mes enfants jouer, je prie silencieusement pour ne jamais être vous.
En fait, j’espère que je ne serai jamais vous, mais je ne sais pas. Car j’imagine que vous ne saviez pas hein, quand vous tergiversiez entre deux pages du livre des prénoms? J’imagine que vous ne saviez pas quand les larmes de bonheur roulaient sur vos joues en admirant ses mini doigts s’agripper aux vôtres? J’imagine que vous ne saviez pas quand vous crémiez la peau délicate de ses fesses irritées? Quand vous corrigiez la prononciation de ses premiers mots? Quand vous répétiez, tel un mantra, « qu’est-ce qu’on dit? » pour qu’il enregistre enfin cette formule de politesse de base qu’est de dire merci?
À vous chères mères tristement extraordinaires, je peine à vous imaginer réviser chaque recoin de votre parentalité pour tenter de trouver la faille, la chose que vous auriez pu, que vous auriez dû, qu’il aurait fallu… Car en étant mère, même ordinaire, je me pose déjà ces questions.
Je ne peux partager votre drame ou vos souffrances. Je peux seulement et simplement vous dire que je pense à vous. Vous avez probablement fait, comme nous toutes, votre gros possible.