Tout commence la veille de notre rencontre. C’est un lundi de septembre et il est 8h00 du matin. Je suis avec Jojo dans la salle d’attente pour une échographie. À 41 semaines et 4 jours, nous voulons savoir si on peut attendre encore deux jours avant de provoquer ta sortie. Dans ma tête, ce n’est qu’une formalité. Je me suis couchée tard et j’ai une journée bien chargée : commissions, lavage, peut-être une sieste… Un peu de déni avec ça?
« Madame, on va vous garder, on vous provoque aujourd’hui. »
QUOI? Je commence à stresser. Ma valise est à la maison et incomplète. Vous avez dit déni? J’annonce à papa que j’accouche aujourd’hui. Il travaille jusqu’à 23h00 ce soir-là. Il capote. J’attends de longues heures avant qu’on me trouve une chambre et je fais une liste des choses qu’il manque dans ma valise.
Ton père arrive vers minuit, avec du fast food et nos valises. Ça fait six heures qu’on m’a introduit un tampon d’hormones down there pour effacer mon col. J’ai des contractions douces à moyennes et je dors par intermittence.
Le lendemain matin, on y va d’une injection et c’est là que le vrai fun commence. Aaaaaah, ça va durer combien de temps ce calvaire? Je suis couchée sur le dos, j’ai le droit de marcher et de bouger, mais je ne veux pas. Je veux m’endormir et me réveiller quand ce sera passé, apparemment… Je ronfle entre les contractions.
Crédit : Stéphanie St-Cyr
Le vrai travail commence vers 13h00. Plus tard, quand les petits massages ne font plus l’affaire, je demande à l’infirmière comment ça marche pour la péridurale. GIVE ME THAT SHIT! Ce n’est pas très long que l’anesthésiste est derrière moi à nous expliquer les risques. Puis, je vois les yeux de ton père gros comme des deux piastres quand il aperçoit l’aiguille.
Les back shots d’anesthésiant ne fonctionnent pas, je dégèle, et c’est pire que pire. Le corps s’habitue vite au confort, et quand ça dégèle ben ça fait f—–g mal. Après plusieurs tentatives infructueuses, on change la tubulure… Alléluia, ça fonctionne!
Vers 18h30, le médecin arrive. «C’est le temps de pousser ma belle», me dit le docteur Cyr tout humour. Je garde un très bon souvenir de cet homme. La salle est pleine à craquer. Une infirmière, sa stagiaire, deux internes, mon médecin et ton père. J’ai perdu dans le processus toute la pudeur que j’avais. Délectez-vous du spectacle de mon entrejambe, gang.
Une petite heure de poussées, mais comme je suis gelée, je ne pousse pas assez fort, apparemment. J’entends le doc dire de se préparer pour une épisiotomie. NO WAY. Je pousse ma vie. Ta grosse tête du 90ème percentile et toi avez fait de légers dommages. Mais l’artiste de la noune, comme ton père l’appelle, a fait un bon boulot. Moi je ne vois rien aller, tu es collé sur moi, tu pleures et moi aussi. C’est le début de la plus belle des histoires d’amour.
Je t’aime mon homme.
À quel point étiez-vous prête pour votre premier accouchement? Viviez-vous comme moi dans le déni?