Toute la vérité sur l’accouchement, première partie de 4 – Collaboration spéciale
Victorine Michalon-BrodeurVous pensiez que le médecin allait vous accoucher? Que nenni! Vous allez accoucher, toute seule comme une grande, embarquée à bord de votre corps en plein séisme et dans la douleur, presque assurément (sauf pour 0,5 % d’entre nous). Le verbe accoucher devrait être intransitif.
Et si vous vous rassurez avec la perspective de prendre l’épidurale, détrompez-vous. Sachez :
- qu’avant 5 centimètres, c’est rare qu’on vous l’accorde (avant ça, statistiquement, le risque de finir en césarienne est trop élevé pour que les médecins l’encourent);
- que ces 5 centimètres-là sont souvent les plus durs (après, on est pleine d’endorphines et on a plongé d’une manière irréversible dans la folie de la naissance);
- qu’il arrive régulièrement qu’elle ne fonctionne pas ou d’une façon étrange (juste un côté, juste le haut du corps, ou bien trop, vous gelant complètement);
- qu’elle allonge de la durée du travail, l’augmentation du risque de césarienne, mais surtout de naissance instrumentale. Ventouse et forceps, avec les dégâts collatéraux sur le périnée, figurent parmi les conséquences possibles* d’une épidurale réussie. Supprimer la douleur à court terme peut donc la reporter dans le temps.
Bien vivre son accouchement demande une vision à moyen et à long terme, ce qui est un véritable défi lorsque sur le coup tout notre corps nous supplie d’arrêter les hostilités.
Si vous avez rationnellement et émotionnellement choisi d’accoucher naturellement (sans analgésie médicamenteuse), vous allez douiller. Statistiquement moins longtemps qu’avec une épidurale, mais intensément. Ça, normalement, vous le saviez. Jusqu’à quel point, par contre, vous l’apprendrez rapidement. Une solide préparation en couple aura renforcé votre conviction que non seulement vous êtes capable de traverser cette épreuve, mais aussi que vous et votre enfant y avez tout intérêt, sur un plan médical comme sur un plan psychoaffectif. Ces savoirs-là et quelques outils naturels de gestion de la douleur vous seront indispensables pour mener à bien votre projet de naissance. In-for-mez-vous avant de sauter!
Un mot sur « le plus beau jour de votre vie ».
Pour un premier, vous ne croirez qu’un bébé grandissait dans votre ventre et en est sorti que lorsqu’il atterrira soudainement dessus. Avant, ça reste un concept très flou, et la relation que vous avez avec est limitée, n’en déplaise aux apôtres des échanges parents-enfant intra-utérins. Ce plus beau jour-là, je gage que vous serez envahie par de pénibles et inédites sensations physiques et par l’incrédulité quant à leur finalité. La rencontre avec votre enfant sera des plus émouvantes, oui (enfin, je vous le souhaite). Mais elle n’éclipsera les efforts considérables qui y mènent qu’avec le temps, parfois beaucoup de temps, celui nécessaire à l’épanouissement de la relation avec la chair de votre chair, celle qui donne rétrospectivement tout son sens à l’épreuve et vous donne éventuellement l’envie de recommencer…