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La violence sexuelle, ça arrive aussi à la maison. #AgressionNonDenoncée
Crédit: Annie Nonyme

C’est le scandale de Jian Ghomeshi, mais surtout l’article de Patrick Lagacé dans La Presse qui me pousse à vous raconter la violence sexuelle que j’ai vécue à la maison.
 
Dans son article, Lagacé propose aux « gars [de] sonde[r] les filles autour [d’eux]. » De leur demander si elles ont été victimes d’agression. 
 
Et si mon chum m’avait posé directement la question avant ? Et s’il me la posait maintenant?

Une fois que cet article sera publié, je vais le lui faire lire en lui disant que c’est de moi dont il s’agit.

Pourquoi, je ne le fais pas sous mon vrai nom? Ben… comme l’a dit Lagacé : « C’est compliqué? ». L’agresseur n’est pas un inconnu. Je n’ai pas envie d’avoir une poursuite pour diffamation. Pas de preuves. Ma parole contre la sienne.
 
À mon chum, j’avais dit que cet ex avait été violent verbalement et une fois physiquement. Allez savoir pourquoi, les violences, autres que sexuelles, on en parle plus facilement!
 
J’ai omis de dire que cet ex m’avait démolie en me répétant, tous les jours (ou presque) que « je n’étais pas NORMALE de ne pas avoir envie de baiser. Qu’à 22, 23, 24 ans ce n’était pas NORMAL de ne pas avoir le goût. Qu’est-ce que ça allait être quand j’allais vieillir? ». Il me disait aussi plus vulgairement qu’il avait « mal aux couilles tellement elles étaient pleines. » Que c’était de ma « faute ». « Branle-toi! », que je lui ai crié, une fois. 
 
Mais bon, j’ai flanché. Souvent.
 
L’étoile inerte dans un lit qui pense à autre chose le temps que Môônsieur finisse de se vider. Je l’ai fait. Souvent. Ce n’était pas de l’amour, ou de la tendresse, ou une baise passionnée. J’étais violée par mon chum.

C’était mon chum qui détruisait mon estime au point où je l’ai cru. Je n’étais pas « normale ».  Il insistait et me brusquait (physiquement) tellement que je me disais que j’aurais la paix plus rapidement s’il faisait sa « p’tite job ».

Est-ce que j’étais consentante? Non. Est-ce que j’avais été claire? Oui. Et vous voyez, je me prends au jeu de la justification de « mon «non» n’était pas un «oui» ».
 
Et j’ai eu honte. J’ai honte. Honte d’avoir enduré ÇA pendant plus de 2 ans.
 
Je me suis dit qu’on allait me juger. De toute façon, je ne pouvais pas le verbaliser. Anyway, je me juge moi-même. C’est con, han?!
 
Moi, la fille au caractère si bouillant qui subissait ÇA. Moi, avec qui les gens ne veulent pas s’engueuler parce que « bulldozer argumentatif » (not my words). Ça ne se serait PAS pu.
 
Je n’en ai parlé qu’une fois à une amie. On en était à notre 3e bouteille de vin. C’est sorti tout seul. Elle l’a gardé pour elle.
  
C’est drôle (pas dans le sens haha) que je ne sois pas capable de parler de la violence sexuelle de mon ex, mais que je puisse parler de celle du gars dans un club qui m’a coincée dans un coin et retenue de force. Cette fois-là, j’ai été secourue par un ami. Oui, j’avais bu. Et puis? Qu’est-ce que ça change? Rien!
 
Mais entre les murs de mon appartement, il n’y avait que mon ex et moi…
 
Au moins, toutes ces années, j’ai eu quelqu’une avec qui en parler. C’était moins lourd à porter. Merci, mon amie!

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