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Mon trouble alimentaire, mon meilleur ennemi.
Crédit: Annie Nonyme

J’avais accouché 2 ans plus tôt. J’avais perdu puis repris des livres que je considérais en trop. Livres que je me devais de perdre. La perte de poids était la clé du bonheur et de l’acceptation. Réussir à contrôler mon poids signifiait que je réussirais aussi à contrôler ma vie; je pourrais enfin être heureuse et épanouie. Dans mon esprit tordu de maman triste, c’était tellement logique. 
 
Je me levais à 5 h le matin pour m’entraîner avant le travail et je calculais toutes les calories que j’ingérais. Lors de mes jours de congé, j’allais courir. Jamais de jour de repos. « Pas de repos pour les grosses », que je me disais. La balance me renvoyait ce poids inconcevable au visage plusieurs fois par jour. Je passais mes journées à essayer de manger le moins possible, à boire de l’eau, du thé ou du café pour calmer ma faim. À me détester quand je flanchais et que je mangeais plus que ce que je m’étais permis dans ma tête.
 
Parfois, le lendemain d’une journée où je m’étais entraînée, et/ou j’avais crevé de faim en m’empêchant de manger toute la journée, je pesais plus que la veille. Ça me rendait folle! Et même quand le chiffre sur la balance avait descendu, ce n’était jamais assez.  Jamais assez vite non plus; je suis de nature pressée, stressée, impatiente! Quand je veux quelque chose, je le veux tu suite!
 
Je visitais des sites « d’inspiration de minceur » pour essayer de me motiver. De fil en aiguille, ces visites m’ont amenée vers des sites « pro-anorexie ». Un jour, je suis tombée sur une photo d’une fille penchée au-dessus d’une toilette qui disait « What I’m I doing? I’m being perfect ». L’idée a alors émergé. Je ne suis pas capable de ne pas manger, alors ce que je mange doit ressortir… Cette idée affreuse était tristement logique dans ma tête. Le trouble alimentaire est devenu la solution parfaite. Je pouvais manger ce que je voulais et je maigrissais quand même. Et j’ai maigri. Beaucoup.
 
Évidemment, ma solution miracle est loin d’en être une! Même si je désire cesser ce comportement nocif, l’idée de reprendre du poids m’est insupportable. Moi qui croyais que la perte de poids allait m’apporter bonheur et acceptation! Bien au contraire! Pour m’aimer et m’accepter telle que je suis, je dois accepter le poids que j’ai. Non seulement le chiffre sur la balance, mais aussi ma morphologie disons, plus curvy. Malgré TOUS mes efforts, je ne serai jamais une Twiggy parce que je suis plus une Kardashian. Et ça, je ne peux rien y faire sauf vivre avec cette tare biologique injuste.

Ironiquement, j’ai fréquenté des groupes de soutien venant en aide à celles qui souffrent de ce genre de troubles, mais, insidieusement, leurs « petits trucs » pour rester mince ont fait leur chemin dans ma tête et ont contribué à maintenir mes comportements. Ces groupes m’ont cependant appris que les troubles alimentaires ne sont qu’un symptôme d’une douleur psychologique profonde. Je suis présentement en thérapie pour adresser cette douleur.
 
Quelle place votre poids prend-il dans votre vie? Avez-vous déjà vécu une situation similaire à la mienne?

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