Éloge des petits surexcités

À vous, espèces de petits boute-en-train.
Vous qui dès l’aurore êtes branchés sur le 220 v.
À vous qui si souvent nous énervez.
À qui on dit trop : Over! Basta! C’est assez! Tais-toi! Calme-toi! HEEEYYY! J’t’ai dit de respirer!
Aujourd’hui, j’ai envie de vous lancer des fleurs – sans le pot, d’ailleurs!
 
Enfants remplis d’énergie, vous faites l’envie des blasés. 
 
Si vous courez tout le temps, c’est que vous avez compris que la vie est courte.
Vous êtes avides de tout voir.
Tout.
Tout de suite.
Non, il y a 20 minutes.
Bien normal que vous ne regardiez pas où vous mettez les pieds.
Bien normal que vos genoux, vos coudes – même votre visage – soient toujours éraflés.
 
Vous êtes curieux!
Vous avez toujours mille idées en tête.
Pas étonnant que vos phrases soient si riches en syntaxe incorrecte.
Vos idées vont plus vite que votre langue.
Vous parlez à une vitesse effrénée.
Et vous vous énervez, à votre tour, quand on ose – sacrilège – vous demander de répéter.
Vous ne pouvez pas.
Non.
L’idée est déjà passée.
Les autres se bousculent et se butent sur vos dents.
Il y a embouteillage de mots.
Vous devez continuer.
Le flot de la parole vous y contraint.
Toujours parler.
Toujours plus vite.
Il y a tant de choses que vous voulez partager.

Et quand ce ne sont pas les mots, ce sont les images qui jouent aux autos tamponneuses contre votre boîte crânienne.
Plein d’images.
Plein d’associations insolites.
Une imagination à faire mourir d’envie tous ceux atteints du syndrome de la page blanche. En fait, avec vous, les pages blanches sont au chômage.
Elles sont remplies de couleurs et de dessins de toutes sortes.
Elles volent et retombent comme des confettis autour de vous.
 
Chers surexcités.
Votre vie est une fête foraine.
Votre monde est rempli de lumières clignotantes, de personnages rigolos et étranges, de manèges, de rires, de sauts, de roues latérales. 

Chers surexcités.
Ne vous laissez pas arrêter par nous les sermonneurs.
Continuez jusqu’à l’heure du coucher.
Reprenez vos forces pour revenir le lendemain encore plus emballés par la vie.
Allez!
Redonnez-nous envie de courir avec vous! Permettez-nous d’être fous!

La maman d’un adorable petit fou

 
Monsieur Lapin danse, danse, danse!
Crédit : Emilie Sarah Caravecchia

 
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