Bébé-Fille a déjà passé le cap des 9 mois outside.
DÉJÀ.
Je peux sincèrement affirmer que de découvrir mon enfant quotidiennement, c’est de la magie.
Elle avait déjà son caractère, in utero : ses petits coups bien à elle, son hoquet récurrent, ses mouvements élégants, reconnaissables, sa réaction captivée, enjouée, quand je chantais et jouais de la guitare ou quand son papa lui parlait.
Il y a tellement de grands événements et de petits trucs anodins qui se produisent en neuf mois, c’est difficile de tout tenir dans sa mémoire. On dirait qu’il s’est passé des années entre ma vie pré et postbébé. Et du même coup, je trouve souvent que le temps passe trop rapidement.
Je tente tout de même de prendre des notes dans un carnet afin qu’on puisse se souvenir, avec un peu d’aide. J’essaie aussi de prendre des « photos mentales » de certains moments, pas seulement de vraies photos ou vidéos. C’est l’idée de consciemment m’arrêter, de me concentrer et de retenir le plus de détails possible dans une situation donnée.
Par exemple, j’allaitais Bébé-N d’environ deux mois, un après-midi d’hiver, dans la chaleur de ma cuisine, et je me suis arrêtée et j’ai retenu de quoi avait l’air sa petite main dans la mienne. Petite main qui a depuis beaucoup changé! C’est un moment simple, mais à la fois unique et important pour moi. Elle bougeait plus lentement à cette époque; elle était toute minuscule et elle sentait le petit bébé.
Il y a aussi la première fois où je l’ai vu. La perfection. Je n’en revenais tout simplement pas. Petite poupée magnifique. Elle avait des traits si fins, si jolis. Je l’avais imaginée, mais pas aussi merveilleuse que cette première minute où elle a ouvert ses yeux et m’a regardée et ensorcelée.
Je repense aussi à sa petite gueule si sympathique lorsqu’elle bâille aux corneilles. Elle fait encore la même chose, un brin d’asymétrie jolie au visage. Neuf mois plus tard et je ne me lasse pas de l’observer quand elle s’y adonne : je l’intègre à ma mémoire.
Et je me suis aussi arrêtée, il y a quelques jours, pour retenir la sieste qu’on a faite ensemble. Elle était malade et s’était assoupie sur moi, comme elle le faisait au tout début de sa vie. Le réconfort total. Mon corps qui aura pu venir réguler le sien, la pénombre de ma chambre, son regard de gratitude en se réveillant.
Et la première fois qu’elle a compris comment faire une pince en utilisant son index et son pouce pour attraper un bleuet, et son premier fou rire quand je l’embrassais le cou, et son air lumineux quand elle voit son chat arriver dans la pièce…
Il y a le bébé à l’intérieur, le même qu’on reconnaît à ses manies après sa naissance. Cette Bébé-Fille d’amour qui est le meilleur public quand je joue et que je chante; qui me regarde, ébahie, et qui fait aller ses membres et me fait le plus beau des sourires entre deux tounes.
C’est un privilège de se souvenir et de pouvoir accéder aux sentiments d’émerveillement et de bien-être qu’on a pu ressentir. Je prends tout, tout ce que je peux mettre dans mon coco et dans mon coeur. Je veux tout garder. Tous ces petits bonheurs.
Y a-t-il des moments magiques inscrits à jamais dans votre cerveau?