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Quand on décide que le regard et les préjugés des autres ne comptent plus.
Crédit: Valerie Poulin

Il y a environ un mois, dans notre groupe privé pour le blogue, j’ai demandé aux collaboratrices ce qu’elles pensaient des parents tatoués. Je voulais connaitre leurs impressions, leur point de vue. Je comptais écrire sur la perception extérieure des gens sur les parents tatoués. Étant dans cette situation, c’est un sujet qui me touche, à tous les jours. 

J’avais une certaine rancoeur envers certaines personnes côtoyées au parc, dans la rue, à l’épicerie. Pas toutes, mais celles qui fixent, qui pointent du doigt, qui commentent parfois même à voix haute… Je ne parle pas de regards curieux, mais bien ceux de dégout, de dédain, voire de peur. Ça me blessait et je pensais que la meilleure façon de me sentir mieux c’était d’en parler, de dénoncer ce genre de comportement. Et la semaine dernière, à l’hôpital, tout a changé.

Dans l’après-midi, Je me promenais avec notre grande opérée dans les couloirs glauques de l’édifice. Elle avait besoin de bouger donc un va-et-vient s’en est suivi et ce fut les 100 pas de mademoiselle E2. Au loin, j’aperçois une famille nombreuse arriver, j’imagine pour visiter un enfant après son opération. Mon coeur se remplit de compassion, d’empathie, d’amitié. On est tous dans le même bateau alors je peux bien comprendre. 
 

Crédit photo : Grand-Maman Dédé.

Et là, l’inattendu dans ce contexte : tout le monde se serre contre le mur, s’éloignant de moi, comme si j’étais une lépreuse. Des regards de dégout, d’horreur, un doigt qui pointe et des chuchotements complètent le tout. 7 personnes m’ont détruit du regard, avec ma fille à mes côtés. Mon coeur s’est brisé en mille morceaux. Pas seulement mon coeur de maman mais aussi celui de fille, de femme, d’humain. J’ai pris E2 dans mes bras, j’ai tourné le coin pour revenir à la chambre et derrière la porte fermée, j’ai fondu en larmes.

J’étais blessée. Et je sais, je sais, très bien ce que vous pensez, se faire tatouer c’est de signer un contrat à vie avec la marginalité. On doit s’attendre à se faire regarder et ce n’est pas comme une personne qui nait rousse, par exemple. C’est un sort que je me suis infligé moi-même et je devrais donc ne pas m’en plaindre.

Dans l’absolu c’est très vrai et j’assume. C’est pas la même chose. Je suis une adulte qui a choisi de se décorer le corps pour une panoplie de raisons qui ne sont pas importantes pour l’instant. J’ose espérer qu’il reste toujours l’espace d’un respect mutuel, surtout entre parents d’un enfant dans un bloc post-opératoire. Il reste encore l’amour, l’empathie et la compréhension qu’on se doit en tant qu’humain, entre humains

Ce jour-là, j’ai frappé un mur et j’ai réalisé quelque chose de très important : je perdais mon temps à trouver débiles les gens qui me regardent, me scrutent, me jugent, et au final, je faisais la même chose. J’en parlais, j’y pensais et ça m’affectait.

Ce jour-là, j’ai décidé de garder la tête haute et d’avancer. J’ai décidé que si je voyais quelqu’un m’observer avec dégout, je répondrais par mon plus beau sourire sincère. Du moins pour que nos filles nous voit, la tête haute, sourires en poche, répondre à ces regards.
 

Crédit photo : Valerie Poulin.

Comment est-ce que vos enfants ont changé votre «moi-avant-la-vie-de-parent» sans même le savoir?

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