Depuis le début de l’aventure TPL Moms, je me disais qu’il faudrait écrire là-dessus, parce que je n’étais certainement pas la seule «maman-orpheline», parce que c’est une autre réalité de maman qui existe. Je ne savais pas comment. J’ai fini par trouver les mots et j’ai reçu une grosse vague de love. MERCI. J’ai failli choker pourtant et ce, pour une seule raison : je ne voulais pas de pitié. Je n’ai jamais toléré qu’on nous regarde avec pitié. Ma fille, c’était l’amour en collant trop grand et la beauté un peu dépeignée.
Ma fille, elle est partie. Ma fille, c’était une précieuse. Le 1 chance sur 1 million est arrivé dans mon salon. Rien que le garage des bébés ne pouvait arranger, pas qu’on y soit pas resté longtemps avec les plus grands spécialistes.
Des choix, une mère ça en fait tout le temps. J’imaginais que ce serait : «la robe bleue ou la robe rose ce matin?». Ce fût plutôt : «on arrête les tests et on rentre à la maison?».
Un jour, il a fallu décider ou plutôt, laisser CC décider du reste.
C’est ça que je trouvais terrible. C’est trop de responsabilités pour un poupon. C’est fait pour être bercé, crémé et être rempli de promesses. Quand on me dit aujourd’hui, «vous avez un ange qui veille sur vous… », j’ai beaucoup de misère. La raison est simple : C’est mon job de veiller sur elle. C’est moi la mère. Je ne veux pas qu’on lui donne cette tâche-là. Tout ce que je veux, c’est qu’elle se fasse bercer. Que ma grand-maman déjà au ciel lui flatte les cheveux comme elle me faisait. Qu’elle ait accès à toute la barbe à papa. Que la forêt enchantée dont je lui parlais chaque jour, elle existe. Que cette promesse-là, j’aie pu la tenir au moins.
Je voudrais tant aller de l’autre coté. Pas que je veuille mourir, pas une seconde. Je veux juste savoir qu’elle est bien, que c’est doux, qu’on va se revoir. Je ne peux pas et je ne me fais pas à l’idée. C’est la vie.
Justement. La vie. Des épreuves comme ça obligent une reprogrammation complète. Tu changes de vision. Je ne crois plus en grand’chose. Je crois en l’amour par-contre, plus que jamais. Je crois que les personnes qui nous entourent, que l’on choisit d’aimer et de qui on se laisse aimer, c’est la plus des belles choses. Moi qui disais toujours que j’étais née sous une bonne étoile et disais Merci la vie non-stop, c’est fini. Maintenant c’est plus : Eille la vie, tu m’auras pas ma chienne. Bête un peu, mais ça me tient. Ça me fait avancer malgré la peur qui me tenaille l’intérieur, surtout en cette période où j’attends un autre enfant en pensant… et si encore?
J’ai aussi décidé que je n’allais pas pardonner. Nop. Je n’ai aucune envie d’être sereine là-dedans et je vis très bien de cette façon. Je suis super amusante et divertissante quand même. Je n’ai d’ailleurs jamais arrêté de rire, même pendant le pire. Les jours trop tristes, je mets du rouge à lèvres. C’est niaiseux mais je me dis que la couleur cache la tristesse de mes yeux. Je ne veux pas pardonner pas pour moi, mais pour CC. Je n’accepte pas ce qui lui est arrivé, je trouve ça injuste pour elle, mais ce n’est rien contre elle. Ma fille, c’est la plus grande petite personne que j’ai rencontré de ma vie. La plus belle chose que j’ai vu. Mon odeur préférée. Ma fille, elle a été forte comme un ours. Ma fille, je m’en ennuie tellement, tout le temps.
Crédit photo : MJ Gauvin.
Alors que je me prépare à accueillir ma deuxième fille, je fais de mon mieux pour y faire une place. SA place. Chaque fois qu’elle bouge, ça m’aide. J’ai hâte de lui raconter l’histoire de la Princesse Endormie. Je me demandais l’autre soir, quel genre de promesses j’allais lui faire à celle-là. Quel était le plan? Rapidement, j’ai trouvé la réponse.
On fait avec ce qui arrive.
Avec le Soleil et les orages.
On fait du mieux que l’on peut. Avec de l’amour.
On essaie le plus souvent possible d’avoir des confettis dans les yeux,
même quand on croit que ce n’est plus possible.
Parce que l’on s’a. Ton papa, moi et toi.
Et pour toujours, nous avons dans le ciel, La Grande Ourse.