Chers parents du bloc post-opératoire de Ste-Justine.
Premièrement, comment allez-vous? Je pense qu’on ne vous le demande pas assez souvent, sauf peut-être par la travailleuse sociale qui est venue s’assurer que vous n’étiez pas au bord du précipice. Vous ne l’étiez pas et pourtant vous aviez toutes les raisons pour flirter avec l’idée.
Un bébé de 3 mois, les jambes dans des attelles, ce n’est pas facile à digérer. Surtout qu’une visite d’un jour pour quelques tests s’est étirée en une semaine et la semaine s’est enchainée d’une deuxième. Mais vous l’avez fait avec compassion, amour, résilience et patience.
Un petit garçon de 5 ans opéré au cerveau, ce n’est pas facile à encaisser. Mais vous l’avez fait avec humour, empathie et indulgence.
Une petite fille qui subit une 7e opération, ce n’est pas toujours facile à laisser aller. Cette fois-ci, ça aura duré 9 heures. Mais Maman, tu l’as fait avec sérénité, altruisme et adoration.
Leur grand A : La petite A.
Crédit photo : PapaAnonyme.
C’est le tourbillon, le relais incessant pour eux : matin, midi, soir… même la nuit. Les pleurs, les cris. Les retours de traitement. Les pansements, les civières, les tubes, les tuyaux. C’est un monde qu’on peut tenter d’imaginer jusqu’à ce qu’on baigne vraiment dedans. Même en se trempant l’orteil pour 36 heures, ça donne une nouvelle appréciation pour la vie et un respect profond pour les parents qui y séjournent de plus longues périodes. Ces parents auxquels on pense rarement.
Chers voisins de chambre, j’ai offert de surveiller votre bébé le temps d’un diner en tête-à-tête à la caféteria d’en bas (le comble du romantisme, je sais), mais non, pas question de la laisser. Ça faisait 4 heures qu’elle pleurait. Mon coeur de mère comprend, mais je voulais tellement vous aider. À défaut d’avoir pu faire quelque chose, je veux vous rendre hommage. À vous et à tous les autres parents qui affrontent vents et marées avec tant de courage.
Ste-Justine c’est génial comme endroit, mais pas tant la destination de rêve pour des vacances, pendant un congé de maternité ou pour un week-end en famille. Je vous lève mon chapeau, je vous ouvre mes bras et mon coeur. Je vous félicite de traverser et de transporter cette épreuve.
De notre côté, nous sommes partis aussi vite que nous étions arrivés. On se sentait presque mal d’avoir eu notre congé aussi rapidement. «Ils devraient mettre les enfants dans des chambres selon le temps de leur convalescence »me suis-je dit en partant, sachant ce qu’ils auraient à vivre, et que ne nous pourrions rien faire pour eux. On les laissait derrière nous pour une autre semaine de traitements, de cris mais d’amour. Eux et tant d’autres.
La vie occidentale fait en sorte qu’on se retrouve facilement à se plaindre pour pas grand-chose. Sans jamais trop sortir notre bout de nez dehors, on pense vivre les plus grands malheurs, les plus gros obstacles. Stressée par l’opération, je ne voyais pas beaucoup plus loin que ma petite personne et ma petite fille. Je pensais vivre la fin du monde, coincée dans mon petit univers.
Aussitôt arrivée, j’ai compris. Les larmes pour ma fille sont vite devenues des larmes pour tous ces petits et grands enfants combattants, et leurs parents. Une compassion universelle, un respect monumental pour ces familles qui vivent l’impensable.
Aujourd’hui, je tiens à vous dire que vous êtes dans mon coeur pour toujours. Vous m’avez appris, sans même le savoir, à apprécier toutes les belles choses que la vie nous a données, et surtout chaque moment. Vous m’avez donné une sacrée belle leçon de vie, alors merci!
Vous voulez faire quelque chose pour aider?
Fondation Ste-Justine : pour aider le CHU Ste-Justine à être le meilleur centre hospitalier pour enfants et parents.
Le Phare : un organisme sans but lucratif qui vient en aide aux familles d’enfants atteints de maladies graves.
La Maison Ronald McDonald : une résidence temporaire pour parents d’enfants malades qui proviennent de plus de 70 km de Montréal.
Opération Enfant-Soleil : un organisme sans but lucratif qui amasse des fonds pour offrir aux enfants malades des soins de pédiatrie et de l’équipement de qualité.
Et sinon, toi parent d’un enfant malade, comment ça va?