Aller au contenu
Pourquoi j’ai accouché à la maison.
Crédit: Reagan Alexander

Pour aussi longtemps que je puisse me rappeler, j’ai une peur bleue des hôpitaux. Je n’aime pas l’endroit, la senteur, la bouffe, les gens en uniforme. Je n’aime pas la perte de contrôle que j’y ressens ni la panoplie de termes, d’équipements, etc. Et surtout, je déteste ne pas avoir la maitrise du sujet pour poser les questions pertinentes pour obtenir les réponses que je désire obtenir. L’hôpital, ce n’est juste pas pour moi!

Donc, déjà pas chaude à l’idée d’y aller, vous m’imaginez enceinte! Et surtout, une autre chose était claire pour moi : je n’étais pas malade. Dans ma tête, on va à l’hôpital quand on est malade, quand ça ne va pas bien. Là, mon corps était en train de faire un petit humain et non en train de combattre une maladie. J’allais accueillir le résultat de notre amour en tant que couple et je nous voyais mal le faire entourés d’étrangers, de machines et de néons.
 

 

De plus, l’idée d’être obligée de rester couchée sur une table dépourvue de mes moyens et de ma capacité de prendre des décisions m’effrayait encore plus que tout. Je sais, ce n’est pas nécessairement comme ça que ça se passe… mais quand t’as peur, dans ta tête, c’est comme ça. J’avais besoin de savoir que j’allais pouvoir me lever comme je le voulais, marcher, entrer et sortir du bain, de la salle de bain. Je voulais pouvoir manger au besoin autre chose que des glaçons.

Je voulais avoir la sainte paix! Faire, dire et vivre l’expérience à notre façon! Je ne voulais surtout pas devoir subir les changements d’horaire des infirmières. J’imagine à peine devoir m’habituer à quelqu’un et hop, elle est partie pour être remplacée par une nouvelle, une inconnue. Je voulais entendre les bruits de mon choix (musique, par exemple) et non ceux des machines ou encore les va-et-vient dans le couloir.

Crédit illustration : Les Accouchiantes.

Je ne voulais pas qu’on parle de moi comme si je n’étais pas dans la pièce. Je voulais pouvoir interagir et participer activement à mon propre accouchement. Je voulais pouvoir laisser mon corps faire le travail sans avoir l’impression de travailler en fonction de l’horloge d’un docteur qui pensait plus à son heure de diner qu’à mon utérus. 

J’avais envie d’avoir un accouchement personnalisé.

En d’autres mots, je ne voulais pas de soins routiniers et encore moins d’interventions routinières. Je voulais être certaine qu’on laisse mon corps faire ce qu’il doit faire avant de sauter aux conclusions et aux actions non désirées. Je voulais aussi laisser mon bébé faire sa part du travail sans lui bloquer ma propre sécrétion d’hormones en prenant du pitocin ou encore une péridurale. Je voulais sentir mon bébé descendre et qu’on travaille ensemble pour en arriver à notre rencontre. 

Quand je pense que nous sommes le seul mammifère au monde qui réussit à accoucher devant plein de gens en pleine lumière du jour, je me dis qu’on est peut-être en train de se tirer dans le pied avant même de commencer. Depuis que le monde est monde, les femmes accouchent entre elles, au calme et avec le plus grand respect pour la nature et le corps humain. Je ne suis pas une hippie pour deux cennes mais je croyais à ces principes dur comme fer. 

Le calme après la (deuxième) tempête – Notre première photo de famille.
Crédit photo : Valerie Poulin

Je me suis fait dire pendant 9 mois que je serais jamais capable, que je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. Qu’à la venue de la première contraction je serais dans un taxi pour l’hôpital, que j’étais désillusionnée si je pensais pouvoir accoucher comme nous le voulions.

Deux accouchements à la maison plus tard, je suis tellement fière de moi, de nous. Je suis tellement heureuse d’avoir pu vivre pleinement mon rêve, mes envies. J’ai écouté mon corps, mon coeur, ma tête et mes bébés, et c’est tout ce que je voulais au final. 

Quelle était votre philosophie ou votre vision par rapport à votre propre accouchement?

Plus de contenu