J’ai découvert la grande sensibilité de ma fille très rapidement, en fait, dès ses deux ans. Ses réactions face aux joies, aux contrariétés et aux peines de la vie étaient si démesurées et «théâtrales» que j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un moyen d’attirer l’attention. Pourtant, malgré la fin de l’épisode du terrible two, ce comportement ne faisait qu’accroitre au fil du temps.
Tout est susceptible de créer une réaction forte chez ma fille : une odeur désagréable, une lumière vive, un son strident, une saveur aigre, la sensation de faim, bref, on a souvent l’impression de devoir marcher sur des œufs! Elle est également très sélective sur ses vêtements qui doivent être ajustés, sans un seul pli ou étiquette pour la gêner, ou composés de matière comme le denim (trop rude) ou la laine (trop piquante). À la moindre contrariété, elle a du mal à contenir ses émotions qui peuvent monter en crescendo.
Apprendre à vivre avec ses excès demeure difficile pour elle, mais également pour moi et ma patience. J’ai longtemps associé ses comportements à des caprices ou un manque de discipline jusqu’au jour où j’ai compris que le problème était plus profond, comme quelque chose d’intrinsèque impossible à contrôler. J’ai alors décidé d’aller chercher de l’aide puisque j’avais utilisé toutes mes ressources. J’ai consulté une intervenante du CLSC qui m’a parlé de l’hypersensibilité qui n’est pas un trouble du comportement en soit, mais plutôt une caractéristique présente chez plusieurs enfants atteints du TDA ou TDAH.
Elle m’a également fait part de la détresse présente chez certains de ces enfants puisque leur entourage les définit comme des personnes susceptibles, fragiles et incomprises. Ma fille ne se sent à sa place nulle part, elle a de la difficulté à se créer un groupe d’amis et prendre sa place (elle trouve refuge auprès des animaux avec lesquels elle doit sentir respect et confiance). La thérapeute a attiré mon attention sur un point important : «les hypersensibles peuvent être particulièrement perturbés par les humeurs des autres, ils se sentent régulièrement seuls, isolés, voire menacés par l’extérieur.». Sachant cela, ma perception par rapport à ma fille a changé, j’ai arrêté de considérer ses «crises» comme des caprices et j’ai tenté d’adapter MA propre attitude.
En fait, j’ai surtout travaillé sur ma tolérance, car si je n’arrivais pas à contrôler mes émotions moi-même comment aurais-je pu lui enseigner à le faire? J’aimerais tellement lui éviter certaines souffrances, mais je ne peux vivre à sa place… Elle doit trouver la force en elle, je sais qu’elle en est capable!
Connaissez-vous un enfant hypersensible? Quels moyens utilisez-vous pour désamorcer les crises?