Notre première fille est née un 2 septembre, en plein été qui ne voulait pas finir. C’était l’amour, le doute, le début d’une complicité. Beaucoup d’adaptation pour papa et maman, d’essais… d’erreurs. Elle pleurait beaucoup, mais on l’aimait et on se disait que c’était ça avoir un bébé : des pleurs, du vomi et des couches de marde.
Des longues journées à la bercer, à faire les cent pas pour l’endormir. Des nuits à tout refaire en boucle : allaitement, couches, vomissements, pleurs et on recommence.
Un soir, j’ai atteint mon niveau d’incompétence. Elle m’a eu. Elle nous a eu. Elle pleurait tellement, elle en était bourgogne. Des cris stridents. Elle s’arrêtait de crier pour boire, et ensuite vomir, et faire un beau caca. J’ai voulu laisser papa dormir. Il en faisait tellement pour nous : debout la nuit pour me tenir la main pendant les boires et le matin, déjeuner au lit, le retour au boulot, et j’en saute.
Après une boucle qui a duré près de 4 heures, j’ai perdu la carte. J’ai vu noir. Coup de coude à papa, un regard de feu et LA phrase qui tue : «Prends-la sinon je la crisse au bout de mes bras». Une franchise qui lui a peut-être sauvé la vie et ma santé mentale. Je suis sortie dehors souffler un coup.
Inspire, expire… soupire.
À mon retour, je retrouve un papa un peu perdu, dans les effluves de son sommeil avec un bébé hurlant au bout des bras.
Source photo : The Joy of This.
«Mais ça fait combien de temps qu’elle fait ça?»
«Environ 4 heures… Je suis à boutte!»
Et, c’est comme ça qu’on a compris que la ligne entre la sanité et l’insanité était bien fine.
Qu’on a compris tous ces parents en détresse qui font des gestes brusques.
Qu’on a compris qu’on n’est jamais à l’abri… et qu’on est facile à briser.
Qu’il faut demander de l’aide quand on atteint le trop-plein.
Avez-vous déjà atteint votre trop-plein? Qu’avez-vous fait pour vous calmer?