Ouf! Quel sujet. S’asseoir 5 ans après l’évènement pour en discuter ne fut pas chose aisée. On a repoussé le moment jusqu’à une journée tellement ensoleillée qu’elle ne pourrait pas être gâchée.
Écrire publiquement sur mon avortement c’est quelque chose en soi, mais mon chum a accepté d’y apporter un point de vue moins souvent exploré : celui de l’amoureux.
Je vous le présente donc officiellement : Marcello, mon mari depuis presque 4 ans et papa-adoré de notre beau garçon. Je vous présente surtout SA vision de ce qu’à été l’avortement que j’ai subi il y a quelques années.
C’est ensemble que nous avons pris le temps des mettre ses propos sur papier aujourd’hui.
«Les raisons qui nous ont amenés à ne pas mener à terme cette grossesse ne sont pas meilleures ou pires que celles de n’importe qui d’autre. Disons simplement que, pour nous, c’était le bon choix dans les circonstances (nous utilisions un moyen de contraception que nous croyions efficace, nous faisions donc ATTENTION pour ne pas qu’Anouck tombe enceinte).
J’ai toujours eu le sentiment que nous avons pris cette décision à deux, même si j’étais conscient que le dernier mot revenait naturellement à Anouck. Je trouvais notre décision rationnelle et c’est volontairement, jusqu’au jour de l’intervention, que j’ai empêché mes émotions de prendre le dessus.
On parle souvent des pères qui ne prennent conscience réellement de leur rôle de parent que le jour où la maman accouche. Dans mon cas, il s’est produit à peu près la même chose une fois que l’avortement eu lieu. C’est en retrouvant Anouck dans la petite salle de réveil de la clinique que l’émotion m’a envahi et que j’ai réalisé l’ampleur de ce qui venait de se produire.
J’ai été triste. Vraiment triste. J’ai imaginé à quoi cet enfant aurait pu ressembler, je me suis demandé si notre couple aurait survécu à cette grossesse si elle avait été menée à terme. J’ai culpabilisé de faire vivre ça à ma blonde (même en sachant qu’elle voulait la même chose que moi), culpabilisé d’avoir été si peu émotif dans les semaines précédent l’avortement, puis j’ai eu peur… On ferait quoi si, au contraire, notre couple ne survivait pas à cet avortement?!
Je n’ai jamais tenté d’oublier ce qui était arrivé. Au contraire, malgré les moments de larmes, d’intenses discussions et de remise en question qui ont suivi cette journée, je suis persuadé que nous en sommes ressortis plus forts et amoureux. Surtout, je sais qu’en prenant cette décision, nous nous sommes laissé la chance d’être prêts et heureux d’accueillir l’annonce d’une nouvelle grossesse quand elle est arrivée.
Même si, encore aujourd’hui, je considère que c’était la bonne décision, je suis heureux qu’on n’ait jamais eu à en reprendre une de la sorte.
Ce jour-là j’ai découvert que la fille dont j’étais amoureux était la femme de ma vie et je me suis découvert l’envie et le besoin d’être un jour le père de ses enfants. Rien ne me rend plus heureux et fier que la famille que nous formons aujourd’hui.»
*Ce texte est une facette de la façon dont NOUS avons vécu cette étape de notre vie. Chaque opinion se vaut, mais je vous demanderais que la discussion qui pourrait être engendrée par ce billet reste respectueuse.