Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été triste. Très jeune, l’idée de mourir m’aidait à me calmer quand j’étais en crise de larmes. J’en ai noirci des journaux intimes, essayé d’embarquer Josiane dans un pacte de suicide. Je pensais que c’était normal d’être triste. J’ai grandi, le goût amer dans le fond de ma gorge s’est progressivement estompé en se transformant en arrière-goût.
Mourir restait ma porte de secours.
Je pourrais énumérer toutes les raisons qui me faisaient détester la vie, mais je ne pense pas que c’est utile. J’étais une enfant sensible et je n’avais pas les outils pour gérer le tout. Après des années à souffrir à différents degrés, les berges ont cédé et je suis tombée en dépression. J’ai essayé de m’enlever la vie.
Crédit photo : instagram Carolanes.
Ça faisait un ou deux mois que j’allais mieux, que mon médecin avait trouvé la bonne dose d’antidépresseurs quand je suis tombée enceinte. C’est après que je me suis rendu compte que ça allait être plus difficile que je ne me l’étais imaginée.
Je garde un mauvais souvenir d’être enceinte, parce que les hormones jouaient trop sur mes humeurs, les humeurs sur mon corps et mon corps ne le supportait pas vraiment. J’étais super stressée, fatiguée, mais je focussais sur la destination, pas le chemin.
J’ai eu peur des effets négatifs de prendre des antidépresseurs durant ma grossesse. Les médicaments que je prends pouvaient causer des problèmes de cœur à mon bébé en construction. D’un autre côté, je ne pouvais pas arrêter de les prendre parce que le stress que ça causerait sur mon corps n’était pas bon non plus.
Crédit photo : Instagram Carolanes.
J’ai eu la chance d’avoir un médecin awesome qui m’a aidée à peser le pour et le contre. J’ai fini par prendre la décision de continuer les médicaments et de rencontrer une psychiatre. **Props au vieux monsieur qui m’avait demandé ce que je faisais en psychiatrie parce que je n’avais pas l’air folle.**
Parallèlement, j’étais aussi suivie par une psychologue pour m’outiller à passer au travers de cette maladie. Elle m’a écoutée/compris/aidée et j’avais besoin d’avoir son côté «compassion» pour passer à l’autre étape : aller bien.
Je prends encore des médicaments, je pense à continuer de diminuer la dose bientôt. Je regarde en arrière et je suis fière du parcours que j’ai fait. Ma fille a une mère ancrée qui est capable de sortir son trop-plein et aller de l’avant. Ça sonne quétaine de le dire de même, mais j’assume à 100%.
Dans le lot des choses que je veux léguer à ma fille, j’espère être en mesure de lui apprendre à savoir comment gérer ses difficultés parce que même si c’est des fois difficile à croire, ça finit toujours par bien aller.
Avez-vous fait face à des difficultés du genre avant d’avoir des enfants? Qu’est-ce qui vous a aidé à passer au travers?